La société civile au cœur de la transition climatique
4 déc. 2015
Monsieur le Président, Distingués invités, Mesdames, Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi de me joindre à vous. Je souhaite souligner l’appréciation personnelle que je porte à M. Bancel. Nous siègons ensemble au conseil d’adminisration de l’Alliance. À chaque réunion, celui arrive toujours bien préparé avec des propositions dynamiques, et je parlerai d’une de celles-ci tout à l’heure.
D’abord permettez-moi de vous exprimer toute ma solidarité, à vous tous de Paris et de France.
J’ai été profondément choquée par les événements tragiques du 13 novembre où la vie de tant de personnes innocentes a été fauchée. Je partage votre douleur et aspire tout comme vous à un monde de paix et de concorde.
Comme canadienne, comme québécoise, comme citoyenne, je tiens à vous exprimer ton mon soutien.
Ces jours-ci à Paris se joue quelque chose d’important sur la planète. Pour notre avenir à tous, et celui de nos enfants. Je profite de l’occasion pour souligner le travail des états et des gouvernements, et celui de la France spécifiquement.
Notre planète se réchauffe dangereusement. Les glaciers fondent. Les épisodes de météo extrême se multiplient. La biodiversité recule.
Il faut mettre un frein à cet emballement du climat causé par l’activité humaine.
Si nous n’y parvenons pas, la sécurité alimentaire, la santé et la sécurité des populations seront grandement compromises. Les réfugiés du climat viendront grossir les rangs des réfugiés de la guerre.
Notre responsabilité collective est interpellée
Notre responsabilité collective est vivement interpellée.
Comme on l’a déjà dit, il n’y a pas de « planète B ». Les générations à venir devront être capables de vivre et de s’épanouir sur la même terre que nous.
Nous sommes donc condamnés à remporter ensemble la lutte aux changements climatiques.
Dans cette lutte, il y a un rôle pour chacun.
Les leaders de nos pays respectifs sont aujourd’hui au premier rang. Comme Canadienne, je salue le retour de notre gouvernement à la table des négociations. Je salue son ouverture et son désir de contribuer à la conclusion d’un accord mondial.
La responsabilité envers l’avenir du climat, elle est aussi partagée par toute la société civile : les grandes organisations, les entreprises de toute nature et les individus de tous les pays du monde.
Les coopératives entendent faire leur part
Les coopératives, que je représente aujourd’hui, entendent bien faire leur part.
Il y a trois semaines, à la dernière assemblée générale de l’Alliance coopérative internationale, qui compte des membres dans plus de 90 pays, nous avons adopté une résolution, à l’initiative de M. Bancel. Cette résolution fait trois choses :
Un : encourager nos organisations membres à accroître leurs efforts pour combattre les changements climatiques.
Deux : exhorter les chefs d’État présents à Paris à s’entendre sur des mesures concrètes et ambitieuses.
Et trois : leur rappeler que le mouvement coopératif est un partenaire privilégié dans la mise en œuvre des mesures arrêtées.
Un réseau influent à l’échelle globale
Le mouvement coopératif c’est aujourd’hui :
ᅳ 2,6 millions de coopératives et de mutuelles dans le monde. ᅳ Un milliard de membres. ᅳ 250 millions d’emplois directs et indirects (12 % de l’emploi total dans le G20). ᅳ Avec des revenus annuels de 2 400 milliards de dollars US, les 300 plus grandes coopératives dans le monde seraient membres du G-10 si elles étaient un pays.
Le mouvement coopératif représente un important réseau mondial. Ce réseau peut jouer un rôle significatif pour le développement durable.
Des leaders dans la lutte aux changements climatiques
Un grand nombre de coopératives sont d’ailleurs reconnues comme des leaders dans la lutte aux changements climatiques.
Il y a des coopératives d’auto-partage dans les grandes villes, comme la coopérative Modo à Vancouver, Canada. Des coopératives de taxi utilisent des voitures hybrides, comme Union Cab au Wisconsin, États-Unis.
Il y a des coopératives qui fournissent de l’énergie éolienne comme Middelgrunden Wind Turbine, à Copenhague, Danemark.
Des coopératives comme Rede CataSamba à Sao Paulo, Brésil, qui récupèrent les matières recyclables pour produire du biodiesel.
Des coopératives comme iCOOP, en Corée qui ont investi dans l’énergie solaire et la géothermie pour alimenter leurs centres de production.
Ici en France, je salue le Crédit coopératif qui met en œuvre des mesures financières concrètes pour soutenir des pays en difficulté.
Chez Desjardins
Le Mouvement Desjardins, qui est le groupe financier coopératif que je dirige au Canada, est lui aussi engagé envers le développement durable. D’ailleurs, vous remarquerez que notre logo est « vert » !
Nous offrons une vaste gamme de produits verts, qui encouragent nos membres à acquérir des maisons écoénergétiques ou des voitures à faible consommation. Nous offrons des prêts aux entreprises qui souhaitent moderniser leurs équipements et bâtiments pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Nous visons la décarbonisation de nos placements.
Nous finançons des projets en énergies renouvelables telle la construction du plus grand parc solaire au Canada.
Et comme organisation, nous nous sommes fixés une cible de réduction de 20 % de nos gaz à effets de serre d’ici 2020, basée sur le niveau de 2008.
Les coopératives sont des alliées naturelles
Il y a des qualités intrinsèques des coopératives qui en font des alliés naturels dans la lutte aux changements climatiques.
D’abord, les coopératives s’engagent sur le long terme. N’étant pas cotées en bourse, elles ne sont pas tributaire de la tyranie des trimestres et des analystes financiers.
Elles doivent bien sûr être rentables pour être commercialement viables. Mais elles peuvent investir sur un horizon de temps plus long. Elles peuvent considérer les conséquences des gestes posés pour les générations à venir. C’est une habileté déterminante dans la lutte aux changements climatiques.
Les coopératives agissent de façon concrète
Les coopératives agissent de plus sur plusieurs dimensions à la fois. Je vous en donne trois.
Première dimension : les coopératives contribuent à réduire les inégalités et la pauvreté. Avoir des conditions de vie décentes est un préalable pour se sentir partie prenante d’une mobilisation qui peut exiger des sacrifices, comme ce sera le cas pour les enjeux climatiques.
Deuxième dimension : elles sont des écoles de démocratie qui encouragent une citoyenneté active. Les coopératives incitent les gens à s’unir pour passer à l’action plutôt que d’attendre que la solution vienne d’ailleurs ou des seuls gouvernements.
Et troisième dimension : une mission éducative se rattache à leurs activités. Cette mission d’éducation peut aujourd’hui englober la question complexe des changements climatiques. Il reste beaucoup de conscientisation à faire à ce chapitre.
Le monde a besoin de s’unir plutôt que de se diviser
La coopération, c’est aussi une attitude, une valeur, une façon de penser et d’agir. Deux principes fondamentaux sont : être solidaire et s’engager, car il ne suffit pas d’être solidaire, il faut aussi poser des gestes.
Face aux défis d’un monde globalisé, avec au premier chef celui des changements climatiques, le monde a plus que jamais besoin de s’unir plutôt que de se diviser.
Les situations complexes, qui font fi des frontières, ne peuvent se régler que par une approche collaborative et coopérative.
Pour relever le défi du climat, nous devons aujourd’hui plus que jamais coopérer. Travailler ensemble, que ce soit à l’échelle de nos collectivités locales, régionales, nationales ou à celle de la planète toute entière.
Ce à quoi contribuent activement les coopératives et l’ensemble des entreprises de l’économie sociale. Ce à quoi nous pouvons tous contribuer à titre de leaders, nous qui sommes présents dans cette salle.
Les coopératives ne sont pas « la » solution. Mais elles font assurément partie d’un ensemble de solutions qu’il nous faut impérativement mettre en œuvre pour un développement durable.
Contribuer à bâtir un monde meilleur, plus solidaire et plus inclusif, c’est la grande motivation historique du monde coopératif.
Dans ce monde meilleur, l’air devra être respirable, le climat prévisible et la nature, une richesse renouvelable.
C’est ainsi que nous pourrons bâtir une prospérité durable.
Merci