Découvrez un extrait de «Ma vie en mouvement»
6 avr. 2016
Voici un extrait du prélude de mon livre «Ma vie en mouvement», écrit en collaboration avec Benoit Gignac. Publié aux Éditions Transcontinental, tous les profits seront versés à la Fondation Desjardins, qui fait un travail extraordinaire pour soutenir la persévérance scolaire. Bonne lecture!
Quelque part en Australie, un soir de mars 2016.
Je suis très loin de chez moi pour présider ma première rencontre formelle du conseil d’administration de l’Alliance coopérative internationale, que j’ai préparée durant le long voyage entre Montréal et Sydney.
Dans ma chambre d’hôtel, j’en suis maintenant à travailler le discours que je prononcerai devant l’assemblée générale annuelle de notre Mouvement, les 8 et 9 avril prochains. Il s’agira de ma dernière allocution à titre de présidente. Je ferai un bilan de mon mandat et regarderai vers l’avenir. Je féliciterai la personne qui prendra la relève et remercierai tous ceux et celles avec qui j’ai eu le privilège de travailler.
J'ai travaillé avec des gens formidables et, surtout, j'ai appris tous les jours. Je suis fébrile. Mais ce moment d’émotion n’aura lieu que dans un mois. Quelle est donc cette nervosité ? Pas celle de prononcer un discours. J’en ai fait mille. Pas non plus celle de céder ma place. Je suis parfaitement à l’aise avec cette passation des pouvoirs propre à notre organisation, qui prévoit entre autres que la présidence ne peut être assumée par la même personne pendant plus de deux mandats de quatre ans.
Non. Si j’anticipe autant en avance et plus qu’à mon habitude, c’est que je ressens une émotion nouvelle. Est-ce que ce jour-là je perdrai quelque chose ? Ai-je peur de la suite ? Est-ce que je crains de ne plus jamais connaître d’aventures aussi stimulantes que celle que j’ai vécue ici ? Je me souviens du 15 mars 2008. Cette moiteur dans les mains, cette gorge sèche, le poids sur le point de tomber sur mes épaules, l’inspiration au moment de me lancer dans un exigeant marathon.
Je me souviens d’avoir été nerveuse — un peu comme ce soir — dans ma chambre du Château Frontenac, puis davantage à l’hôtel Le Concorde, dans l’attente des résultats des six tours de vote qui ont mené à mon élection.
Nerveuse, mais concentrée. Heureuse aussi. Car j’avais choisi de m’engager. J’y prenais plaisir intensément, complètement.J’ai aimé chaque instant à la présidence de Desjardins, comme j’ai aimé chacune de mes expériences professionnelles, échelonnées sur près de 40 ans. J’ai été comblée. J’ai travaillé avec des gens formidables et, surtout, j’ai appris, tous les jours.
J’ai fait ce que j’avais à faire du mieux que j’ai pu, en écoutant, en faisant confiance. D’autres après moi feront à leur tour face à des enjeux de taille. Ils ne réussiront pas tout, comme je n’ai pas tout réussi, mais ils viseront le plus grand succès possible, j’en suis certaine.
Quand j’y pense, quel parcours ce fut !